La reine, d’un pays lointain situé dans un autre monde et un autre temps, portait sa lourde couronne avec loyauté et devoir. C’est ainsi qu’elle démontrait son dévouement envers son peuple. Depuis sa jeunesse, ses parents lui avaient répété sans cesse que le moment venu, elle serait responsable de cette couronne et devrait à son tour en prendre soin. Cependant, le joyau était tellement pesant et encombrant que ses gestes s’en trouvaient limités.
Un jour, elle réalisa à quel point cet héritage l’empêchait de s’épanouir. Par exemple, alors qu’elle se promenait dans les jardins, elle ne put se pencher pour humer le parfum des fleurs, pour la simple raison que le bijou tomberait vers l’avant et se briserait. Puis, le bruit d’une envolée d’oiseaux attira son attention, mais elle ne put suivre leur danse majestueuse, car un mouvement trop rapide enverrait la couronne valser sur le côté. Le soir venu, elle ne pouvait pas davantage lever pleinement son regard vers le ciel pour admirer les étoiles puisque l’anneau précieux se propulserait assurément vers l’arrière.
Un autre point pénible était d’entendre les personnes autour d’elle vanter la beauté des astres, la variété si délicieuse des parfums des fleurs et la grâce des oiseaux qui s’envolent. Malheureusement, la tête trop occupée à préserver sa couronne, héritage de génération en génération, elle ne pouvait pas contribuer aux conversations en partageant ses propres observations. Elle se sentait confinée à l’intérieur d’elle-même sans pouvoir profiter de la présence des gens près d’elle et de son environnement.
Ce jour-là, épuisée d’être autant limitée par ce fardeau, elle alla pleurer sur un banc dans le parc. Un murmure, porté par la brise, se glissa à son oreille et lui posa une question : « La couronne est un symbole, peux-tu trouver une façon différente de montrer ta loyauté sans contrainte de ta part ? »
Saisie par cette remarque, elle réalisa qu’en effet la couronne n’a de valeur que celle qu’on lui attribue. Elle allégea donc sa tête (et tout le reste de son corps) de ce lourd fardeau en disposant le bijou dans un autre lieu. Enfin libérée, elle en profita pour redécouvrir sa vie sans limitation.
Histoire « Métaphore pour faire du bien » de La plume & l’écorce
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